Isidore Ducasse Poésies

Nous créons cette rubrique pour exposer la nouvelle Collection des Obscurs. Tout véritable collectif ne devrait-il pas commencer par une semblable collection ?

ISIDORE DUCASSE (COMTE DE LAUTRÉAMONT) POÉSIES Préface de Philippe Soupault A PARIS AU SANS PAREIL 1920

596 exemplaires numérotés

En 1870, année de sa mort, Ducasse fit imprimer POÉSIES I et POÉSIES II par la Librairie Gabrie, Journaux politiques et littéraires, Passage Verdeau, 25.

A la fin du deuxième fascicule, POÉSIES II, figure, dans cette édition de 1870, un Avis qui n’a pas été repris dans l’édition de 1920 :

« Cette publication permanente n’a pas de prix. Chaque souscripteur se fixe à lui-même sa souscription. Il ne donne du reste, que ce qu’il veut.

Les personnes qui recevront les deux premières livraisons sont priées de ne pas les refuser, sous quelque prétexte que ce soit. »

Les Chants de Maldoror sont réédités en 1890, ayant circulé en Belgique. Léon Bloy les signale (« Pauvre rastaquouère sublime »). Mais Poésies est inconnu à l’exception de la découverte d’un exemplaire par Rémy de Gourmont en 1891.

Le premier Chant de Maldoror est republié dans Vers et Prose, la revue de Paul Fort en 1914.

Il fait connaître Lautréamont hors de France. Le 14 mars 1916, au Cabaret Voltaire où se retrouvent et se produisent les dadaïstes de Zurich, une soirée française est organisée. Hugo Ball veut traduire et lire des extraits de Lautréamont « mais le volume qu’il attendait n’est pas arrivé à temps. Arp lira à la place des extraits d’Ubu Roi de Jarry. »

Le livre attendu par les dadaïstes de Zurich n’est rien d’autre que Les Chants de Maldoror.

C’est seulement en 1918 que Valéry Larbaud, dans un article paru dans La Phalange, publie l’existence de Poésies, et en donne des extraits. Son commentaire :

« Les Poésies, cette préface à des poésies jamais publiées, probablement jamais écrites, ne sont-elles qu’un livre bâclé pour faire voir à M. Ducasse que son fils travaillait. »

En 1919, Breton recopie les deux fascicules de Poésies, dans l’Edition Gabrie, sur le « seul exemplaire connu » de la Bibliothèque Nationale.

En avril 1919, dans le deuxième numéro de leur revue Littérature, Aragon, Breton, et Soupault font paraître le premier fascicule des Poésies, avec une note – préface de Breton. Le numéro 3, de mai 1919, contient Poésies II. Et, pour faire bon poids, le n°18 de mars 1921 publiera un écho sur le décès de Georges Davet, ami d’enfance de Ducasse, évoqué dans la première version des Chants, et un des dédicataires des Poésies.

Au Sans Pareil, la maison d’édition dirigée par Thomas Hilsum, avait été créée à l’instigation de Breton et Aragon, et chargée de l’administration de Littérature. Elle était donc naturellement choisie par Philippe Soupault pour éditer Poésies sous forme de livre en 1920.

Dans sa préface, Soupault présente les deux textes comme une préface à des poésies « jusqu’à ce jour » inconnues ; il compare longuement les destinées de Rimbaud et Ducasse ; et analyse Poésies comme une réfutation des Chants.

On remarque que l’année 1920 se trouve être aussi l’année de translation de Dada de Zurich et Berlin à Paris, avec l’arrivée de Tristan Tzara dans la capitale française.

C’est ainsi escortée que l’édition 1920 de Poésies lança dans le siècle, comme négation et comme prélude, la poésie impersonnelle, la poésie par tous, la poésie qui doit avoir pour but la vérité pratique. Au milieu de ce siècle, elle passait par les situationnistes Guy Debord, Gil Wolman et Asger Jorn. Debord et Wolman publièrent leur Mode d’emploi du détournement sous la signature de Breton et Aragon. On peut lire sur ce moment la contribution des Obscurs : Matériaux pour servir à l’étude et à la pratique du détournement

Lire aussi :

Vanessa Theodoropoulou, La poésie par tous et pour tous, Marges 21/2015

https://journals.openedition.org/marges/1039#ftn3

Rédacteur de la notice : Jack Rackam que son public nombreux aime à suivre sur Twitter : @JackRackam11

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