Face au djihadisme

©PHOTOPQR/VOIX DU NORD/ DR Dominique Bernard, le professeur de français qui a été tué devant le collège-lycée Gambetta d?Arras French literature teacher Dominique Bernard killed during terrorist attack on a high school in Arras (MaxPPP TagID: maxnewsspecial798151.jpg) [Photo via MaxPPP]

Par Les Obscurs

La véritable nature du Hamas

La razzia terroriste du 7 octobre, contre les Juifs d’Israël, a révélé définitivement la véritable nature du Hammas. Loin d’être une organisation de résistance nationale, il n’est rien d’autre qu’une dictature djihadiste, et un mouvement d’extrême-droite, fasciste et islamiste, à la solde du régime de Téhéran, lui-même djihadiste, fasciste et islamiste. Cette qualification n’est pas un détail de sciences politiques : elle souligne l’appartenance du Hamas au camp de la pire réaction. En effet le Hamas ne vise pas l’établissement d’un état palestinien, mais la destruction complète d’Israël. Il ne s’attaque pas aux habitants du territoire hébreu en tant que citoyens israeliens, mais en tant que Juifs. Il n’est pas un mouvement national ; au contraire, il est aux ordres d’une puissance étrangère. Il ne représente pas le peuple palestinien, mais une société politico-religieuse fanatique, les Frères musulmans. Depuis longtemps, les mollahs d’Iran cajolent les Frères musulmans, affichant par exemple une grande admiration pour Sayyid Qtub, le principal théoricien des Frères. Les Frères musulmans, et donc le Hamas, qui sont sunnites, permettent à la dictature mollah de sortir de sa situation historique de minorité au sein des musulmans, en tant que chiite, et de se présenter comme le défenseur de tous les islamistes. D’un côté, le Hezbollah chiite et le Hamas sunnite sont les gages de bon djihadisme de Téhéran. De l’autre côté, les mollahs prétendent former le principal axe islamiste, avec les chiites de Bagdad, les alaouites en Syrie et les deux milices djihadistes.

L’opération du Hammas est partie intégrante de la politique extérieure de Téhéran face au processus de reconnaissance de l’Etat d’Israël par différents pays arabes (accords d’Abraham, négociations avec l’Arabie saoudite). C’est d’ailleurs aussi une opération de politique intérieure à l’Iran, les mollahs tentant de reprendre ainsi la main face au mouvement révolutionnaire et féministe “Femme, Vie, Liberté”. En Palestine même, si on se doute que les Gazaouis ont été tentés d’applaudir à la destruction du mur frontière, la dictature et la corruption du Hamas, les exactions de sa milice ne sont plus supportées par une grande partie de la population, comme l’a montré le mouvement de la jeunesse en juillet dernier. Par son raid virant au pogrom, le groupe djihadiste espère relancer sa domination sur les Palestiniens de Gaza.

Dans la préparation et la réalisation de leur coup terroriste, les miliciens du Hamas, leurs conseillers du Hezbollah, et leurs mentors de Téhéran n’ont pas hésité à imiter, et même à dépasser, par leurs exactions, les atrocités de leur ennemi Daesh. Ils continuent de le faire avec les otages. La recherche du degré maximal d’horreur terroriste est devenue une partie intégrante du processus djihadiste. C’est ainsi que se forme le djihadiste contemporain : l’allégeance traditionnelle du djihad est transformée en un engagement à recourir aux pratiques terroristes les plus extrêmes, les plus dépourvues d’humanité. Ce n’est pas seulement le djihadiste qui terrorise, c’est la terreur qui prouve le caractère effectif de son djihad, c’est une terreur encore pire qui doit prouver qu’il dépasse les autres djihadistes : voilà en quoi consiste la pseudo religion des dévots islamistes à Téhéran, comme à Gaza, en France et en Europe.

Nous affirmons notre solidarité avec les Israéliens, avec le peuple israélien, avec les Juifs d’Israël. Cette solidarité est politique, contre l’état djihadiste le plus puissant, l’Iran, contre le mouvement islamiste le plus influent en France, les Frères musulmans, contre leur émanation, le Hamas, tous trois anti-sémites. C’est aussi une solidarité humaine tant les horreurs des terroristes soulèvent le cœur et tant ces horreurs sont inscrites au centre du projet djihadiste contemporain.

Mais cette solidarité ne s’étend pas au gouvernement extrémiste de droite. Cette réserve ne constitue pas seulement une question de principe, bien qu’en l’occurrence, ce principe de distinction des peuples et des gouvernements s’avère excellent. Car la politique de Netanyahou s’est révélée un fiasco des deux côtés. En tournant le dos à la paix, il a renforcé la domination des djihadistes chez les Palestiniens, et cela au moment même où les Gazaouis se dégageaient du Hamas. Mais sa politique de guerre, confortée par son pacte pour les colonies avec les autres partis extrémistes, l’a aussi conduit à dégarnir la frontière avec Gaza pour concentrer les forces armées israéliennes en Cisjordanie. Finalement l’armée s’est révélée mal informée (malgré les renseignements égyptiens), mal répartie, mal préparée et peu réactive. Netanyahu sera le chef de gouvernement qui aura le plus fait pour éroder la confiance en soi des Israéliens.

En réalité, le Hamas a littéralement endormi et berné Netanyahu, victime de son racisme arrogant, et qui voulait croire que le statu quo était possible. Il est prévisible que les extrémistes de droite israéliens tenteront de faire oublier leur fiasco par une politique de vengeance dans la bande de Gaza. Aussi bien devons-nous affirmer notre solidarité avec le peuple palestinien à Gaza, et dans tous les territoires. Comme les vaillants combattants du Hamas se planquent dans les hôpitaux, les écoles, et autres bâtiments civils, et comme les extrémistes israéliens légitiment la vengeance, on peut craindre un grand nombre de victimes civiles innocentes. Il n’y a aucune raison de le supporter. Il n’y a aucune raison d’accepter la politique de punition collective. Il n’y a aucune raison d’accepter préventivement que les crimes de guerre israéliens répondent à la terreur djihadiste. Il n’y a aucune raison d’accepter que le djihadisme soit brandi par les dirigeants israéliens pour justifier leur politique de guerre et de colonisation.

L’assassinat de Dominique Bernard

Le 13 octobre, six jours après la razzia du Hamas, et alors que les Français s’apprêtaient à commémorer l’assassinat de Samuel Paty par un djihadiste tchétchène, en 2020, un autre terroriste, lui ingouche, a tué Dominique Bernard, professeur de lettres à Arras. Qu’il y ait un lien entre l’attaque du Hamas et l’assassinat du professeur de lettres d’Arras fait peu de doutes. L’ancien chef du Hamas, Khaled Mechaal, avait appelé à un « vendredi du déluge d’Al-Aqsa », précisément pour le 13 octobre. Cela ne signifie pas que Mogouchkov, le tueur, ait agi directement sur les ordres du Hamas. Sa video rendue publique le 17 octobre met en scène son allégeance à l’Etat islamique, auquel son frère appartient, tout en mentionnant le raid du Hamas en Israël. Daesh est d’ailleurs coutumier de cette pratique de récupération des opérations terroristes de ses rivaux ou ennemis.

Samuel Paty et Dominique Bernard: partout, dans les rassemblements, les déclarations officielles ou les articles de presse, on rappelait que les deux hommes, qui ont affronté avec courage l’horreur terroriste, étaient enseignants et avaient été assassinés dans l’exercice de leur mission. L’assassin de Dominique Bernard recherchait un « professeur d’histoire », la discipline enseignée par Samuel Paty. Le Monde peut ainsi titrer « Les enseignants, remparts contre l’obscurantisme ». Mais, de la même manière que la formule « terrorisme » peut permettre d’évacuer la désignation de l’ennemi, le » djihadisme » ou « l’islamisme », au profit du moyen détestable qu’il utilise, la formule « obscurantisme » ne permet pas de rendre compte de la véritable guerre culturelle menée par le djihadisme contre nos sociétés.
En 2015, après les attentats dits du Bataclan, nous insistions sur la place prépondérante des cibles culturelles et éducatives dans l’action terroriste de Daësh. Bien sûr, les attentats « aveugles » ne manquent pas: tentative dans un train; massacre de Nice. Mais, le plus souvent, les cibles de Daësh, comme celles de Téhéran depuis l’affaire des « Versets de Satan » étaient déjà de tels objectifs culturels: écoles, musées, journaux, écrivains, salles de concerts…

On trouvera, dans un article publié en décembre 2015 (a), un tableau d’ensemble de cette guerre des islamistes contre la culture. Pour nous limiter aux attaques contre des établissements d’enseignement, rappelons que les crimes anti-juifs monstrueux de Merah (membre ou proche d’Al Qaïda ; demi-frère chez Daësh), en 2012, ont été commis à la porte de l’école Otzar Hatorah à Toulouse. Les attaques contre les écoles sont devenues des tueries de masse, dans ce qui est considéré par les islamistes comme « terre de l’islam ». Le 16 décembre 2014, les djihadistes du Tehrik-e-Taliban Pakistan attaquent une école publique de l’armée pakistanaise à Peshawar, tuant 141 personnes dont 132 enfants et jeunes de 10 à 18 ans. Le 2 avril 2015, ce sont les somaliens d’Al-Shabbaab qui attaquent l’université de Garissa au Kenya, tuant 152 personnes dont 142 étudiant(e)s chrétien(ne)s. La succursale de Daësh au Nigéria se surnomme « Boko Haram » ce qui signifie « Lecture – ou Ecole Interdite » !! Dans le cas de Daësh et de ses organisations satellites, nous rappelions l’analyse faite par Abu Bakr Naji, théoricien du djihadisme contemporain et djihadiste lui-même, dans son livre « Le management de la sauvagerie« , de la cohésion culturelle comme « maillon faible de la domination occidentale ». Les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard s’inscrivent dans la continuité de tous ces attentats terroristes, comme moments forts de cette guerre culturelle.

A l’évidence, si notre société mérite d’être défendue, elle ne semble pas considérer que sa culture le mérite. Qui répond à la guerre culturelle du djihadisme? On a fait remarquer que de nombreux terroristes s’étaient radicalisés en France même. Mais qui répond à la propagande islamiste dans les territoires français où les musulmans sont nombreux, c’est-à-dire à la propagande qui vise à attirer à l’islamisme cette partie des musulmans déjà tentés par le communautarisme? Or, l’islamisme, s’il peut, d’un côté, passer pour une version un peu plus rigide du communautarisme, est, de l’autre côté, la matrice et la continuation du djihadisme. Quel parti mène cette lutte culturelle? Quel journal? Quels artistes et quels intellectuels? Du côté gouvernemental, il semble que les argumentaires commandés par Madame Schiappa se soient évaporés dans les méandres du programme Marianne. La lutte contre le djihadisme est réduite aux opérations judiciaires et policières, à l’intérieur, et militaires, à l’extérieur. Les politiques se limitent aux symboles: marches blanches; rassemblements de plus en plus courts; minutes de silence; journées d’hommage. En réalité aucun parti politique ne mène réellement la lutte idéologique et culturelle contre le djihadisme à l’intérieur de la communauté musulmane. Lorsque lutte politique il y a, elle est toute entière tournée contre les dénégateurs et les alliés de l’islamisme, les fameux « islamo-gauchistes » (b).

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner si les enseignants croulent sous la charge. Plutôt que « remparts contre l’obscurantisme », ils sont devenus la « forteresse assiégée par l’islamisme ». Et l’idée que cette forteresse serait solide, résolue à tenir, et, du moins, fermement unifiée, est une mauvaise plaisanterie. L’excellent roman graphique « Crayon noir. Samuel Paty, histoire d’un prof », de Valérie Igounet et Guy Le Besnerais, montre, de manière saisissante, à quel degré, « vertigineux » selon Jean Birnbaum, avait pu tomber l’isolement sinistre de Samuel Paty. Toutes les cérémonies ne feront pas oublier un tel abandon. Et il n’est pas nécessaire d’être « de la maison » pour savoir que, de haut en bas, le ministère de l’éducation nationale est divisé, et parfois gangréné, par la lâcheté à l’égard de l’islamisme et du djihadisme. La personnalité de l’intouchable Bianco et son sinistre « Observatoire de la laïcité » en sont un exemple fameux (c). Dans les sommets du ministère, c’est partout, dans les inspections académiques, à l’inspection de l’administration, dans les bureaux de l’administration centrale et les rectorats que sévissent le « pas de vagues » et la lâcheté. A quoi peuvent bien servir des « référents laïcité » lorsqu’ils sont des militants convaincus au fond de la nécessité d’abandonner la laïcité, et qu’ils ne se sentent aucun devoir de solidarité avec les professeurs menacés? Le temps est venu de dénoncer cette ignominie. Malheureusement, la situation n’est pas vraiment meilleure à la base, c’est-à-dire dans la célèbre salle des professeurs. Les enseignants, en tant que public traditionnel de la gauche et de l’extrême gauche, sont eux aussi largement divisés. Un grand nombre d’enseignants étant influencés par les thèses des groupes complices de l’islamisme ou dénégateurs du terrorisme, comme la LFI, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de solidarité de leur côté.

Néanmoins les esprits évoluent. On a pu remarquer que si les syndicats d’enseignants se contentaient de dénoncer le terrorisme, cela n’avait pas empêché certains élus, par exemple à Montreuil ou Bagneux, de dénoncer le « fascisme islamiste » ou le « terrorisme islamiste ». L’électoralisme pro-islamiste de LFI entraine toute la gauche dans sa chute. La NUPES va éclater. La dénégation des crimes djihadistes sera une des causes principales d’éclatement. Le milieu enseignant n’échappera pas à ce mouvement.

Certes il existe encore de nombreux sympathisants d’extrême-gauche qui s’imaginent être révolutionnaires parce qu’ils soutiennent le Hamas comme leurs prédécesseurs maoïstes croyaient l’être parce qu’ils idolâtraient le totalitarisme chinois. La réticence à dénoncer les assassinats terroristes en France disqualifie leurs engagements, ce qui n’est pas très grave; mais elle pèsera lourd lorsque l’heure de la prise de conscience arrivera, ce qui ne va plus tarder.

a) https://lesobscurs.wordpress.com/2022/08/13/la-guerre-des-islamistes-contre-la-culture/
b) Sur la notion d' »islamo-gauchisme », voir: « Notes sur « l’islamo-gauchisme » dans
https://lesobscurs.wordpress.com/2022/09/06/reactions-a-lattentat-contre-salman-rushdie-notes-sur-lislamo-gauchisme/
c) Sur l’Observatoire de la laïcité, voir: https://collectifculturecommuneblog.wordpress.com/2016/06/21/monsieur-bianco-et-charlie/

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