Retour sur une tribune


Par Francis Linart


En novembre nous avons repris le texte d’une tribune de Français issus de la culture musulmane intitulée « Not in my name! 2023 » qui dénonçait le raid terroriste du Hamas en Israël du 7 octobre. Nous revenons aujourd’hui sur cette tribune pour en souligner l’importance.

Le texte est ici:
https://lesobscurs.com/2023/11/04/not-in-my-name-2023/


Un mot d’abord sur les signataires. Le plus connu est probablement Boualem Sansal, tant l’auteur algérien du « Village de l’Allemand » (2008) et de « 2084: la fin du monde » est célèbre à la fois comme écrivain et pour son engagement contre l’islamisme. Autre homme courageux: l’imam Hassan Chalghoumi, imam de Drancy, président de la conférence des imams de France. Fadila Maaroufi, la fondatrice de l’Observatoire des fondamentalismes de Bruxelles a aussi signé ce texte, comme Sonya Zadig, psychologue, psychanalyste, combattante pour la laïcité, auteur du livre « Traitement de la maladie psychique en terre d’Islam. Etude de la dépression chez les femmes tunisiennes post-Printemps arabe ». La journaliste marocaine Houda Belkadi el Haloui et David Duquesne font partie des signataires. On constate aussi la présence de Sonya, une représentante du Collectif Lieux Communs.

Cette tribune nous semble importante pour plusieurs raisons. La première est évidente et massive. Il est fait assez souvent reproche aux musulmans de ne pas se démarquer explicitement et clairement des crimes terroristes des djihadistes, et de l’islamisme en général. Ici la position est claire, tranchée, dénuée de toute équivoque, ne cherchant pas à expliquer les crimes du Hamas par la situation objective des Palestiniens de Gaza.

Le courage doit être reconnu: il est là.

En ce qui concerne les relations entre islam et islamisme, deux positions sont concevables. La première, à laquelle nous nous rattachons, insiste sur l’importance de distinguer l’islamisme de l’islam; elle considère le djihadisme contemporain comme un projet politique à part entière qui récupère et dénature la notion de djihad; elle pose qu’il n’y a pas de fatalité islamiste de l’islam en dépit de la violence intrinsèque du djihad. En somme elle repose sur l’espoir que les musulmans aient la force de se soustraire à l’influence délétère du djihadisme et de l’islamisme.

L’autre position, en sens contraire, insiste sur la continuité entre l’islam historique et l’islamisme contemporain, sur la filiation idéologique entre islam et djihadisme, sur la débâcle intellectuelle et spirituelle des divers islams. Elle ne sépare pas les crimes terroristes de leurs racines religieuses. Ce point de vue n’est pas le nôtre mais nous le respectons. Nous considérons que les deux positions doivent dialoguer et se fédérer contre le djihadisme chaque fois que c’est nécessaire.

Il faut souligner que la première position n’exclut en rien la critique nécessaire de l’islam comme religion, une critique dépourvue de tout racisme anti-musulmans.

En ce sens la référence qui est faite aux « apostats » dans la tribune est excellente:
« Il y a, d’abord, à reconnaître la légitimité de tous ceux, de plus en plus nombreux, qui vont jusqu’à l’apostasie. »

Et la signature de la tribune par trois « apostats », c’est-à-dire trois personnes qui ont quitté la religion musulmane et revendiquent cette liberté, suscite toute notre solidarité. Ni Dieu, ni maître! Bienvenue chez les libres!

Cette tribune mérite d’être connue et soutenue.

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