L’assassinat de Samuel Paty: le procès et le livre

Par Les Obscurs

Mon frère accusé de discrimination et de racisme par une élève dont le mensonge était avéré de tous, a subi deux attaques qui ont nourri cette accusation et qui l’ont isolé, et définitivement désigné comme cible. D’abord, l’attaque des islamistes le condamnant pour le fond de son cours – avoir montré des caricatures – et ensuite, l’attaque de l’Ecole sur sa pédagogie – avoir proposé aux élèves de sortir de sa classe. Rendre à mon frère sa dignité d’homme et de professeur c’est répondre à ces deux accusations. C’est montrer comment Samuel n’aura fait qu’appliquer deux valeurs républicaines qu’il avait chevillées au corps : la liberté d’expression et le principe de laïcité.

Mickaëlle Paty, avec Émilie Frèche « Le cours de monsieur Paty »

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Le procès des complices d’Abdulllah Anzorov, le djihadiste russe d’origine thétchène qui assassina Samuel Paty le 16 octobre 2020, s’est ouvert le lundi 4 novembre 2024, devant la cour d’assises spéciale de Paris. Le tueur lui-même a été abattu par la police lors du drame. Huit adultes comparaissent pour leur implication présumée. Les six mineurs mis en cause ont déjà été jugés, et condamnés, fin 2023, par le tribunal pour enfants, y compris Zaina Chnina, dont le récit mensonger a été exploité par son père et les milieux islamistes, désignant ainsi Samuel Paty à la vindicte du tueur.

Il faut espérer que le procès soit l’occasion de rendre justice à Samuel Paty en dénonçant clairement les coupables, ce qui nécessitera d’éclairer deux points : la relation entre djihadisme et islamisme, et la réalité spécifiquement française de cette constellation islamisme/djihadisme.

A travers le degré de complicité pratique, organisationnelle, qui sera établi par le procès pour chaque accusé, sera ainsi posée la question générale de la complicité politique des islamistes avec les djihadistes.

Sur les deux points, le livre écrit par Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty, avec Emilie Frèche, « Le cours de Monsieur Paty », qui vient de paraître, apporte de nombreux éléments intéressants.

Il faut arrêter de séparer totalement islamisme et djihadisme, comme s’il y avait, d’une part, une idéologie islamiste, et, d’autre part, un terrorisme islamiste qui serait le contenu du djihadisme. La voie du terrorisme n’est pas séparée de la voie de l’idéologie. Au contraire l’islamisme est la matrice du djihadisme. Les islamismes contemporains, sous leurs différentes formes, non seulement font une place, évidemment variable, au djihad, mais ils se constituent centralement autour de l’exigence de conduire le djihad, l’exemple classique étant celui de Sayyid Qotb, idéologue des Frères musulmans. D’autre part, il n’y a pas, en Europe, de vitrine légale des groupes djihadistes comme Daesh ou Al Qaïda. Les divers milieux islamistes constituent l’environnement des djihadistes qu’il s’agisse de la préparation, du repli, de la propagande d’accompagnement. Plus généralement la nébuleuse des organisations islamistes joue le rôle de couverture officielle.

Concrètement, l’assassin, Abdullah Anzorov, n’a déclaré sa ba’hia, son allégeance, à aucun des deux principaux groupes djihadistes, Al Qaïda ou l’Etat islamique. Ses relations avec un troisième groupe, Hayat Tahrir Al-Cham (Organisation de libération du Levant) dit HTS, successeur d’Al Nosra, ne sont pas claires. Finalement aucun groupe djihadiste n’a revendiqué l’action, même si certains se sont félicités de cette action d’un « jeune musulman ».

On est donc en présence d’une chaîne djihadiste spécifiquement française : à un bout, un jeune réfugié, radicalisé, c’est-à-dire gagné à la cause djihadiste, non fiché, bénéficiant de certaines complicités, cherchant une cible ; à l’autre extrémité, des islamistes, fanatiques et repérés, n’hésitant pas à monter une accusation publique sur la base d’un dossier mensonger, désignant ainsi Samuel Paty comme cible.

Evidemment Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui vont essayer de démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans le crime d’Anzorov, que leur islamisme ne vaut pas djihadisme, qu’ils ne sont pas terroristes et leurs avocats devraient réclamer l’acquittement. Ils ont deux arguments essentiels : ils n’ont pas appelé à l’assassinat de Samuel Paty, mais à « faire virer ce professeur ou « ce voyou » du collège », et ils ne connaissaient pas Anzorov.

Mais l’accusation et les avocats des proches de Samuel Paty n’auront pas beaucoup de difficultés à faire valoir que Chnina et Sefrioui savaient parfaitement que leurs accusations contre Samuel Paty seraient entendues et interprétées par les milieux islamistes comme un appel au djihad, c’est-à-dire au meurtre.

Les juges d’instruction soulignent d’ailleurs que les messages et vidéos des deux hommes s’inscrivaient « dans un contexte d’appels au meurtre ». En effet, un mois et demi avant le 16 octobre, Charlie Hebdo avait republié les dessins de 2015 et les caricatures danoises de 2006, à l’occasion de l’ouverture du procès des complices de l’attentat du 7 janvier 2015. Al Qaida avait alors appelé à des attentats en France, en particulier, dans les lieux de culte chrétiens. Le 25 septembre, Zaheer Hassan Mehmood, pakistanais, avait blessé avec un tranchoir deux personnes occupant des locaux proches de ceux de Charlie. Un autre attentat se produira peu de temps après l’assassinat de Samuel Paty, le 29 octobre. Brahim Issaoui, tunisien, tue au couteau trois personnes dans la basilique Notre-Dame de Nice : le sacristain, Victor Loquès, et deux femmes, Nadine Devillers et Simone Barreto Silva. Les attentats du 25 septembre, du 16 et 29 octobre semblent bien entrer dans une même série marquée par la vendetta djihadiste autour et à partir des caricatures danoises.

En ce qui concerne Sefrioui, ses antécédents comme fondateur en 2004 du collectif Cheikh-Yassine, mouvement pro-Hamas, dissous en octobre 2020, ne plaident pas en sa faveur. Il a préempté un rôle de guide spirituel dans l’opération d’accusation de Samuel Paty, en se prévalant de ses fonctions anciennes de représentant d’un pseudo et éphémère Conseil des imams de France. Il a visiblement cru que les événements tels que Chnina les lui rapportaient étaient, dans le contexte que nous venons de rapporter, une trop bonne occasion de relancer sa notoriété d’imam djihadiste au double langage. Sa vidéo, bien imprudente, va l’accabler dans le procès.

Chnina est un cas d’islamiste plus basique. Il semble beaucoup compter sur le raisonnement selon lequel sa femme et lui auraient été abusés par leur fille qui, absente de l’école, a tout bonnement inventé la séquence que Chnina a mis en scène dans sa propre vidéo, la première à circuler sur internet. Mais il faudra aussi qu’il s’explique, non seulement sur ses relations avec le compromettant Sefrioui mais aussi sur ses échanges téléphoniques avec l’assassin.

Le rôle spécifique de Sefrioui et de Chnina est d’avoir désigné Samuel Paty comme cible, par leur accusation publique, et par tous les renseignements concrets qu’ils ont mis en circulation. Le livre de Mickaëlle Paty montre, de manière dramatique, comment Samuel Paty lui-même sentait, intuitionnait que son existence était ainsi offerte en pâture aux assassins. Anzorov, l’assassin, a su se trouver des complices pour les différentes fonctions nécessaires : armement, localisation, déplacements, conseils psychologiques. Le cas de Priscilla Mangel, dite « Cicatrice sucrée », convertie à l’islam, mariée à un terroriste condamné à quatorze ans de prison, elle-même sympathisante du djihadisme, est significatif : elle a été en quelque sorte son « coach en djihadisme » lui fournissant toutes les explications nécessaires sur la situation au Collège de Conflans Sainte Honorine ; elle devra se faire convaincante pour persuader les juges qu’elle ignorait tout des projets monstrueux d’Anzorov.

Parmi les comparses islamistes, il faut mentionner le rôle particulièrement trouble de la mosquée extrémiste de Pantin dans la diffusion des vidéos et autres informations.

Selon Wassim Nasr, excellent spécialiste du djihadisme, les attaques terroristes commises en France en septembre et en octobre 2020 « relèvent non pas du jihad politique, mais d’un pur fanatisme. […] Ces personnes se sentent attaquées dans leur foi, mais n’ont pas un projet politique proprement dit, comme, par exemple, diviser la société française ou le départ des armées françaises du Sahel. »

Il nous semble plutôt qu’il y a lieu de distinguer le djihadisme de type individuel, et le djihadisme des organisations, qui devrait d’ailleurs être lui-même distingué du djihadisme d’état. Le djihadiste individuel n’est pas un terroriste isolé, un « loup solitaire ». Il est capable de s’insérer dans une campagne djihadiste plus organisée, comme, ici, le nouvel épisode autour des caricatures. Il est capable de prendre l’initiative et de créer une situation tactiquement significative. Il est capable de dégager les complicités nécessaires pour passer à l’action. Les journalistes qui suivent le procès reprennent souvent la formule de « l’engrenage ». Cet engrenage n’est rien d’autre que le système de relations, rustiques mais subtiles, qui unifie, sur le terrain, islamisme et djihadisme.

Un tel engrenage, comme Mickaëlle Paty l’évoque, a quelque chose de terrifiant. Mais la réalité ne serait pas aussi noire – elle n’aurait pas été aussi noire pour Samuel Paty- s’il avait pu trouver auprès de lui les secours, la dignité, l’amitié qu’il était en droit d’attendre. Or comme l’écrit sa sœur, ayant à affronter l’attaque djihadiste, il eut aussi à affronter l’attaque et les accusations de l’Ecole ; découvrant, effrayé, l’engrenage djihadiste, il eut aussi à découvrir, atterré, l’inconcevable lâcheté de l’Ecole. Pour mesurer cette lâcheté, et pour en intégrer correctement la critique à notre propre activité, il faut lire le livre de Mickaëlle Paty écrit avec Emilie Frèche. Rien ne peut remplacer cette lecture.

Un exemple permettra de montrer comment cette lâcheté a littéralement exposé Samuel Paty à l’engrenage. Les responsables de l’Ecole, et les collègues de Paty, soit pour ne pas exciter le groupe islamiste, soit pour se désolidariser de l’enseignant par rapport à la hiérarchie, ne font pas savoir que toute l’histoire est un mensonge de la jeune fille qui n’était pas au collège ce jour là (voir p 59 et 62, notamment). Ce point est secondaire sur le fond : même si l’histoire avait été vraie, elle n’aurait pas justifié la campagne islamiste. Mais c’est, objectivement, un point fondamental. Sefrioui a voulu connaître la situation de la bouche de la jeune fille. Le tueur lui-même va vouloir une confirmation de l’histoire avant de passer à l’acte. Entre le 9 et le 16 octobre, jour fatidique, on a préféré, au sein de l’éducation nationale, laissé courir l’histoire qu’on savait fausse.

Le fond de l’affaire, c’est l’absence de responsabilité face à l’islamisme de la plus grande partie de l’Education nationale. La politique dite « Surtout pas de vagues » signifie concrètement qu’on veut d’abord éviter que Sefrioui et Chnina manifestent devant l’école. On espère que les islamistes vont se calmer, se métamorphoser en simples communautaristes ; mais l’engrenage se met en route dans l’autre sens et l’islamisme rejoint le djihadisme.

Il y a plus d’un tableau saisissant – ou déprimant, c’est au choix- de cette absence de responsabilité face à l’islamisme, dans le livre de Mickaëlle Paty. Mais la palme de la honte revient sans aucun doute à cet enseignant qu’une sorte de rivalité professionnelle opposait à Samuel Paty, et qui, sans attendre, sauta sur l’occasion pour essayer de reprendre des responsabilités qui avaient été confiées à la future victime.

Nous republions, ci-dessous, l’intervention de Mickaëlle Paty, le 16 Octobre 2024, lors d’une commémoration de l’assassinat de Samuel Paty à la mairie du 9e arrondissement de Paris, à l’initiative d’ Albin Michel, Outside Films/Téléparis et Unité Laïque.

Référence bibliographique

« Le cours de Monsieur Paty », Mickaëlle Paty, avec Emilie Frèche, Albin Michel, 2024

INTERVENTION DE MICKAELLE PATY, le 16 Octobre 2024

« La légende veut qu’un jour la vérité et le mensonge se soient rencontrés :

-Bonjour, dit le mensonge.

-Bonjour, répondit la vérité.

-Belle journée, dit le mensonge.

La vérité regarda autour d’elle pour vérifier si c’était vrai. Ça l’était.

-Belle journée, approuva alors la vérité.

-Le lac est encore plus beau, dit le mensonge.

La vérité se retourna vers le lac et vit que le mensonge disait vrai. Elle acquiesça d’un signe de la tête.

Le mensonge ajouta : L’eau est magnifique, nageons.

La vérité effleura l’eau du bout des doigts et la trouva vraiment bonne, elle se fia au mensonge. Les deux se déshabillèrent et nagèrent tranquillement. Quelque temps après, le mensonge regagna le rivage et sortit de l’eau. Il s’habilla avec les habits de la vérité et il s’en alla. La vérité, incapable d’enfiler les vêtements du mensonge, se résolut à marcher toute nue. Et tous furent horrifiés de la voir ainsi.

Tel est le monde dans lequel trop d’hommes et de femmes préfèrent évoluer aujourd’hui encore. Ils préfèrent regarder le mensonge travesti en vérité, plutôt que la vérité nue.

Et puis il y a la vérité crue.

Il y a quatre ans, un homme est mort. Il s’appelait Samuel Paty et c’était mon frère. Il a été massacré de 17 coups de couteau puis il a été décapité. La photo de sa tête a circulé sur les réseaux sociaux et cela n’a provoqué aucune indignation collective, aucune remise en question. Cet homme, mon frère, était professeur d’histoire et de géographie. Cet homme, mon frère, est mort parce qu’il enseignait l’histoire, les principes et les valeurs de la République. Il est mort parce qu’il n’a pas été protégé, parce qu’il a été abandonné par les représentants de cette République dont il enseignait les valeurs. Des représentants qui eux ont perdu toute valeur.

Et, il y a un an presque jour pour jour, l’assassinat de Dominique Bernard, – professeur de lettres abattu par un autre fanatique islamiste aveuglé par la haine de la liberté comme on se paie un carton à la foire pour fêter son anniversaire – est apparu comme une terrifiante réplique du séisme.

Aujourd’hui, Samuel et Dominique sont morts. Alors, nous qui sommes vivants, n’avons pas le choix : en continuant à porter leur mémoire, nous devons aussi porter l’espoir. Et porter l’espoir, c’est continuer à se battre pour que l’horreur liberticide plus jamais ne se produise. Non pas en installant un policier derrière chaque enseignant, – comme ceux qui (et qu’ils soient d’ailleurs remerciés), dans cette salle ce soir, protègent nos amis qui ont commis le péché de défendre la constitution de notre République –, mais en remettant en place les conditions nécessaires pour que notre société tout entière soit capable de se défendre contre ceux qui veulent l’abattre. Et pour cela, nous devons être en capacité de former à nouveau librement des citoyens.

Ce combat-là, celui que je mène depuis quatre ans au nom de Samuel, n’est pas un combat théorique. Non, il vise « le reste ». Ce reste dont il faut aussi parler.

Ce reste comprend deux parties. « L’heure de vérité » et « Dire ses quatre vérités »

La mort de Samuel n’est pas un effet du hasard ou de « la faute à pas d’chance ». Tout s’est ligué pour faire de lui un réprouvé, un coupable. Le mensonge d’une adolescente affabulatrice dont l’éducation morale par une famille de bigots intégristes laissait tellement à désirer qu’elle a été incapable de renoncer à son mensonge, même au prix de la mort d’un homme.

Quel professeur aura désormais le courage et la liberté d’esprit de confronter ses élèves à ce qui peut les indisposer ? Qui veut être le prochain décapité ? Le prochain à prendre une balle dans la tête à bout portant ? Dites-moi où se trouve la raison quand on se retrouve du mauvais côté du manche ?

Mais ce n’est pas tout. À cette haine brute des fanatisés par un islam rétrograde et cruel, s’est ajoutée la lâcheté. La lâcheté de la hiérarchie dont le premier réflexe, aujourd’hui encore, est le « pas-de-vague », l’attentisme, la trahison, les « collègues »… Et la lâcheté cruelle de ceux qui sont avant tout soucieux d’avoir bonne réputation… Bonne réputation auprès de qui ? Auprès d’intégristes islamistes ? Je veux parler de ces maires soucieux de l’image de leur ville plutôt que de la sécurité de ses habitants et de ses enseignants. Je veux parler de notre sécurité intérieure qui, soumise à des donneurs d’ordre, exige de ne pas passer en mode offensif avant tout passage à l’acte. Comment peut-on accepter qu’au nom d’un risque de trouble à l’ordre public, on ait à ce point laissé des intégristes imposer leurs normes ? Et pourtant, on a accepté et on accepte encore.

Et qui accepte ? Qui ne fait rien ? Ces élus de tous les partis qui ont fait de nos valeurs et de nos principes une variable d’ajustement de leurs tactiques politiques, qui sont prêts à troquer pour un plat de lentille tout ce qu’il devrait défendre, qui ne défilent pas un 13 novembre 2023 pour marquer leur solidarité envers les juifs massacrés parce qu’ils ne veulent pas prendre le risque de vexer les musulmans. Ce n’est pas seulement indigne, c’est aussi une injure envers les musulmans. Et d’autres qui défilent le 19 novembre 2019 à l’appel du CCIF dissous, en laissant hurler « Allah Akbar » à 200 mètres du Bataclan…

Il m’est impossible de composer avec les collabos de tous bords, ceux qui ont eu la parole malheureuse, ceux qui sont capables de dire que certains dessins ne sont pas faits pour des adolescents, ceux qui foutent des « mais » partout : « oui c’est terrible, MAIS avait-il vraiment besoin de les montrer, ces dessins ?! », ceux qui auraient dû être dans nos rangs et qui ont clairement choisi leur camp. Ceux qui commettent des parjures aujourd’hui savent pourtant très bien ce qui se jouera demain.

La République ne connaît ni athées, ni catholiques, ni protestants, ni juifs, ni musulmans. La République connaît tous ses enfants s’ils l’honorent. Où sont-ils, – parmi tous ceux que j’ai cités et qui poussent parfois l’indécence jusqu’à se disputer la dépouille de mon frère –, ceux qui honorent la République, ses valeurs et ses principes ? Samuel est mort déchiqueté par un fanatique islamiste. Laisserons-nous la République connaître le même sort ?

À côté de cet engrenage monstrueux, il y a notre société atteinte d’une maladie auto-immune. Cette maladie a inversé toutes ses valeurs et sa morale. Comment cela est-il arrivé ? Tout simplement parce que depuis quarante ans, la laïcité est plongée dans la plus parfaite confusion sous les coups d’instituts chargés de transformer notre liberté de conscience en liberté religieuse. Où est donc passé notre instinct de survie ? Sommes-nous un peuple trop fatigué de son bonheur et de sa liberté ? On ne fera pas triompher nos idéaux, nos valeurs, et les fondements mêmes de la République, avec des bougies, des ours en peluche, des cœurs avec les doigts et des Vous n’aurez pas ma haine.

Non cela ne suffira pas. Nous devons, tous, être convaincus que, parce qu’il est presque déjà trop tard, le temps est venu d’avoir de nouveau du courage. D’avoir, ensemble, le courage de nous défendre, de défendre une certaine idée de la civilisation et de l’humanité, celle que seule permet notre République laïque. Ce courage, je le cherche chaque matin pour aller jusqu’au soir. Ce courage, lorsque je le trouve, je retrouve l’espoir. Et je retrouve l’espoir et le courage parce que je ne suis pas seule, parce que vous êtes là, parce que nous sommes ensemble et qu’ensemble, nous avons décidé de ne pas abdiquer face à la barbarie.

Oui je crois que nous n’avons plus d’autres choix que d’être ensemble. Parce que faire sans vous, je ne saurais pas comment. »

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