
Par Jack Rackham
Certes, le feuilleton de Villeneuve-Saint-Georges est de dimension picrocholine rapportée à la crise qui secoue les relations internationales depuis le retour de Trump au pouvoir. Néanmoins il faut se souvenir que ce qui s’est finalement avéré comme un fiasco électoral avait d’abord été conçu comme la préfiguration, dans les meilleures conditions qui soient, des futurs progrès électoraux de LFI, et, partant, comme l’expérimentation d’un nouvel abaissement de ses « alliés » de gauche.
On se souvient – pour résumer- que, parti pour prendre la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, étant alors lui-même déjà député de la circonscription, élu en 2024 avec plus de 61% des voix, soit 4287, le jeune et prometteur Louis Boyard s’était retrouvé à la tête d’une opposition de 7 membres sur les 39 que compte le conseil municipal, et privé de tout allié. Voir notre article précédent « Villeneuve-Saint-Georges : pas de mairie pour Louis Boyard » : https://lesobscurs.com/2025/02/18/villeneuve-saint-george-pas-de-mairie-pour-louis-boyard/
Deux informations sont venues compléter ce feuilleton.
La première relève assurément d’une rumeur et nous n’avons pas trouvé d’éléments pour la confirmer au-delà des habituelles attestations de probabilité. Nous avions souligné dans le premier article que Boyard et LFI avaient largement fait l’impasse sur l’histoire politique de la ville et de sa population. Quelle qu’en soit la cause, le résultat du deuxième tour avait ceci de curieux : non seulement le score de Boyard était tombé étonnamment bas (1897 voix) mais il n’arrivait même pas à retrouver, lors de ce deuxième tour, les voix additionnées de LFI et de la liste PC-PS-Ecolos au premier tour. Nous avions proposé quelques éléments d’explication. La rumeur en livre d’autres. Il semble que deux groupes communautaires se seraient mobilisés en défaveur de LFI. Le premier serait celui de certains électeurs d’origine marocaine méfiants à l’égard de la composition de la liste. Le deuxième serait celui de certains électeurs chrétiens d’origine africaine opposés à l’islamo-gauchisme passablement débridé des LFI de Villeneuve, illustré par les positions tonitruantes de certains candidats sur cette question, ainsi Mohammed Ben Yacklef, l’élu pro-Hamas se définissant comme « marxiste-léniniste et musulman ». Dans les deux cas, LFI se serait pris les pieds dans le tapis de sa propre politique communautariste.
La deuxième information est factuellement vérifiable. Après l’élection d’une maire de droite, au lieu d’un groupe d’opposition en bonne et due forme des sept membres élus sur la liste « Dignité, Fierté et Solidarité / LFI », animée par Louis Boyard, un groupe de cinq membres s’est constitué, sous l’étiquette « Dignité et Solidarité » et animé par Mamadou Traoré. Boyard, qui n’a rien vu venir, se retrouve seul avec Fadwa Sadek, numéro deux de la liste qui arborait pendant la campagne municipale une écharpe du dernier chic, ornée d’une représentation de la mosquée Al Aqsa, et proclamant fièrement la formule « Jérusalem est à nous ». En tout cas, Villeneuve-Saint-Georges, qui semblait un but plus accessible, n’est pas à eux, ni son opposition, puisqu’il faut au moins quatre élus pour former un groupe au conseil municipal.
Pour comprendre cette éviction du jeune Boyard de sa propre liste par ses propres co-listiers, il faut entrer un peu dans le détail du Léviathan islamo-gauchiste de Villeneuve-Saint-Georges. Les cinq sécessionistes de « Dignité et Solidarité » sont Mamadou Traoré, Mohammed Ben Yacklef, Juliette Gbagbo (LFI), Alpha Camara (LFI), et Insaf Chebaane (sans étiquette).
Mamadou Traoré était parti le premier dans la course municipale, derrière une étiquette locale de bon aloi, « L’Initiative Citoyenne Villeneuvoise » soutenue un temps par LFI. Louis Boyard, lorsqu’il eut décidé avec Jean-Luc Mélenchon de prendre Villeneuve, tendit la main à Traoré et on constitua une nouvelle liste Initiative/LFI. Traoré obtint la troisième place, devant céder la deuxième à Fadwa Sadek pour cause d’intersectionnalité. L’opération se fit sans difficulté. L’Initiative, c’était Mamadou Traoré et Mamadou Traoré, c’était l’Initiative. Enfin, pas tout seul. L’Initiative Citoyenne Villeneuvoise était en effet fièrement soutenue par « L’Union pour la Reconstruction Communiste », un groupe néo-stalinien, périphérique et critique du PCF, favorable à la Russie, à Cuba, à la Corée du Nord, et évidemment à la paix et à l’anti-impérialisme sauce Lénine. Mamadou Traoré affiche aussi une certaine proximité avec Aly Diouara, député LFI de La Courneuve, choisi par la direction LFI pour remplacer Raquel Garrido. La notice WikiPedia de Diouara est éloquente.
Nous avons déjà un peu parlé de Mohammed Ben Yacklef mais il gagne à être mieux connu. Rappelons que Ben Yacklef était déjà élu dans les deux municipalités précédentes. Ce sont pourtant ses positions de « marxiste-léniniste musulman » déclaré qui furent l’une des causes données par le reste de la gauche pour ne pas fusionner avec la liste de Boyard. Doué d’une imagination fertile, entré en politique par le syndicalisme, Ben Yacklef se prononça en 2014 pour un syndicalisme d’inspiration musulmane. En 2010, il avait déjà signé la pétition contre le « projet de loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public », pétition qui rassemblait alors le gratin de l’islamo-gauchisme français. Co-animateur de l’association « Respaix Conscience Musulmane », son truc à lui, il est aussi Secrétaire général de l’association cultuelle musulmane de Villeneuve Saint Georges. Ceci pour son versant musulman. En tant que « m-l », il est, lui aussi, proche de l’Union pour la Reconstruction Communiste, ainsi que du « Front uni des immigrations et des quartiers populaires », dit aussi le « FUIQ », animé par Saïd Bouamama.
Ce n’est pas trop s’avancer que suggérer que les contacts entre Louis Boyard et les mouvances néo-stalinienne et indigèniste ont pu être facilités par Ismaël El Hajri. Assistant parlementaire de Boyard, El Hajri a pris la défense de Baraka City et du CCIF, et été membre du FUIQ. Il n’a pas hésité à qualifier l’assassinat djihadiste de Samuel Paty de « fait divers ».
Le cas de Villeneuve-Saint-Georges s’avère une préfiguration, mais sensiblement différente de celle qu’attendait la direction de LFI. Alors que le parti personnel de Jean Luc Mélenchon s’imagine manœuvrer les électeurs français musulmans, ce sont des groupuscules d’une double inspiration totalitaire – stalinienne et islamiste – qui l’instrumentalisent.
SOURCES
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aly_Diouara
(Eloquente notice WP d’Aly Diouara)
(Article source sur l’éviction de Louis Boyard, non libre d’accès)
(Louis Boyard évincé du groupe d’opposition)
https://ancommunistes.fr/spip.php?article7463
(Soutien du groupe stalinien URC à l’association de Mamadou Traoré)
https://www.saphirnews.com/Pour-un-syndicalisme-d-inspiration-musulmane_a18347.html
(Supputations déjà anciennes de Mohammed Ben Yakhlef)
(x de mby)