Qui sommes nous?

Par Peng Li Fa

Nous présentons ici un texte important de Peng Li Fa le dissident chinois qui, il y a un an, le 13 octobre 2022, anticipa sur le mouvement des feuilles blanches avec ce qui est connu comme « l’opération du Pont Sitong ». Ce texte donne un éclairage singulier sur la réalité de la vie sociale dans le système totalitaire chinois. Comme Peng Li Fa le dit lui-même, ce tableau est bien éloigné des formules marxistes-maoistes sur les masses et le peuple chinois.
Le texte est traduit de l’anglais par Jack Rackam.

« Nous sommes les travailleurs migrants venus des campagnes qui n’ont aucune sécurité sociale. Nous sommes les gens au bas de l’échelle sociale qui n’ont pas les moyens de se payer des soins médicaux. Nous sommes les chômeurs, contraints de passer d’un intérim à l’autre. Nous sommes les jeunes sortis de l’université, titulaires d’un diplôme mais sans emploi. Nous sommes les employés du secteur de la formation extra-scolaire dont les financements ont été supprimés par ordre gouvernemental. Nous sommes la population d’en bas qu’on a chassée des grandes villes. Nous sommes les propriétaires de petites et micro-entreprises pourtant respectueux des lois dont les magasins sont fermés autoritairement. Nous sommes les prestataires de services au bord de la faillite. Nous sommes les endettés qui ne remboursent plus leur prêt hypothécaire, ou envisagent sérieusement le saut dans la mort; nous sommes les esclaves d’une hypothèque qui épuise les économies de trois générations, ou d’une condition familiale où l’on n’ose pas avoir d’enfants. Nous sommes les travailleurs qui émigrent des campagnes vers les villes et doivent laisser leurs enfants derrière eux. Nous sommes les parents des provinces où le seuil financier d’admission au collège est le plus élevé. Nous sommes les lycéens qui doivent se séparer de leurs parents et retourner dans leurs régions d’origine pour passer les concours d’entrée à l’université. Nous sommes les femmes enchaînées, victimes de la traite et vendues sans espoir de retrouver un jour la liberté. Nous sommes les intellectuels et les éducateurs diffamés. Nous sommes les autochtones dont les maisons sont expropriées de force. Nous sommes les citoyens de seconde classe qui achètent leur voiture ou inscrivent leurs enfants à l’école par tirage au sort. »
En bref, écrit Peng Li Fa, « nous ne sommes ni le peuple, ni les masses auxquelles les slogans du dictateur font référence. Nous devons nous dresser courageusement. Nous voulons construire nos propres organisations et nos partis politiques pour défendre nos intérêts et nos droits. »
NB/ A propos de Peng Li Fa, on peut se rapporter au dossier constitué par Les Obscurs:
https://lesobscurs.wordpress.com/2023/02/25/qui-est-peng-li-fa/

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