Face à la menace russe

SState flag of Ukraine carried by a protester to the heart of developing clashes in Kyiv, Ukraine. Events of February 18, 2014.


Par Les Obscurs

Il y a deux ans commençait l’agression russe contre l’Ukraine. Nous pensons nécessaire de présenter l’ensemble de nos positions sur le conflit, sans fioritures, et pour prendre date.

1 La Russie est un état totalitaire de type fasciste classique. Le régime réel du parti unique, inféodé au chef, va bien au delà de la simple dictature. Comme l’assassinat de Novolny l’a montré, le régime ne se contente pas d’opprimer l’opposition; il considère comme insupportable l’idée qu’une opposition puisse exister et même que l’esprit d’opposition subsiste. Le soutien à Poutine des partis autoritaires, d’extrême droite, et des autres partis fascistes en Europe et dans le monde est donc logique.

2 La Russie est un état impérialiste qui recherche à l’extérieur, dans une expansion agressive et disproportionnée, la solution à toutes ses difficultés; ce caractère agressif est la contrepartie d’une impuissance générale qui semble ne pas pouvoir trouver de remède. A l’intérieur, l’impérialisme est la source d’inégalités d’un autre âge et assure la corruption matérielle et morale d’une fraction notable de la population grand-russe. Le nationalisme, le racisme et une religion avilie forment l’essentiel de l’idéologie nécessaire au soutien populaire au régime. L’impérialisme est le propulseur du totalitarisme, à travers la logique d’expansion et son idéologie.

3 La Russie mène contre l’Ukraine une guerre d’agression illégitime, conduite de manière barbare, avec de multiples violations du droit de la guerre. C’est aussi une guerre idéologique qui vise à faire oublier la révolution de la dignité et l’esprit de Maïdan, à donner une leçon aux démocrates ukrainiens et au delà à tous les peuples qui aspirent à la liberté politique. C’est enfin une guerre d’intimidation contre les peuples et les pays d’Europe, en particulier, ceux qui viennent de se libérer de la domination communiste et soviétique, et ceux qui ont abandonné la neutralité.

4 La résistance du peuple ukrainien est admirable comme combat contre l’impérialisme, pour l’indépendance nationale et l’intégrité territoriale. C’est aussi un combat majeur pour la liberté politique et contre le totalitarisme. C’est enfin un combat pour tous les peuples européens, qui, s’ils ne sont pas partie prenante de la guerre, sont néanmoins engagés dans le conflit, le seront de plus en plus, et sont, en quelque sorte, représentés par les Ukrainiens. Ce sont là les trois fondements rationnels et légitimes d’un engagement réel aux côtés de l’Ukraine, face à la Russie, c’est-à-dire contre la Russie.

5 Grâce au courage des soldats et de la population ukrainienne, les plans de Poutine ont jusqu’ici été déjoués. La mobilisation tardive mais efficace de l’OTAN, et l’évolution des dirigeants européens, même le velléitaire Macron, ont d’abord semblé aller dans le bon sens. Mais l’évolution de la situation aux Etats-Unis fait courir un risque majeur à la résistance anti-russe. L’hypothèse la plus probable est l’élection de Trump. Il faut souligner que ce n’est pas seulement Trump qui mobilise sa popularité pour entraîner l’opinion publique américaine vers un désengagement en Ukraine. C’est aussi la montée d’un fort courant isolationniste et neutraliste au sein des différents pouvoirs et de l’opinion publique américaine qui renforce la campagne de Trump.

6 Dans ces conditions, il est fort peu vraisemblable que Poutine ne cherche pas à tirer parti du succès éventuel de Trump, et probablement très rapidement. Il ne se contentera pas de chercher un règlement qui lui soit favorable du conflit avec l’Ukraine. Il cherchera à pousser son avantage en prolongeant l’agression de l’Ukraine par une autre opération aventureuse, qui pourrait être menée contre un pays allié de la France au sein de l’OTAN.

7 Ce n’est pas demain qu’il faudra réagir. Il faut se préparer à cette situation dès aujourd’hui, d’autant plus que , de facto, les Etats Unis ne livrent pas de nouveaux armements à l’Ukraine. Tout doit être fait pour que les partis qui sont les relais de Poutine en France, soit le RN et Reconquête (le groupe de Zemmour), sans oublier ses agents d’influence au sein de LFI et de la droite Les Républicains, soient démasqués devant l’opinion publique, et cela dès les élections européennes.

8 Il faut être dépourvu de toute lucidité pour ne pas saisir que l’élection de Trump, une nouvelle agression de Poutine, et l’arrivée de Le Pen au pouvoir sont des hypothèses sérieuses, consistantes, qui se renforcent mutuellement. Le soutien à l’Ukraine et le combat contre le Rassemblement national sont intimement liés.

Références des textes publiés par Les Obscurs sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie
https://lesobscurs.com/2022/02/26/solidarite-avec-le-peuple-ukrainien/
https://lesobscurs.com/2022/02/28/pourquoi-agir-en-soutien-au-peuple-ukrainien/
https://lesobscurs.com/2022/03/04/manifestation-de-solidarite-avec-lukraine-5-mars/
https://lesobscurs.com/2022/03/30/une-guerre-genante-que-faire-lorsque-la-russie-attaque-lukraine-mais-que-tu-es-de-gauche/
https://lesobscurs.com/2022/04/17/voter-contre-le-pen/
https://lesobscurs.com/2022/11/13/la-question-du-totalitarisme/
https://lesobscurs.com/2023/06/12/trois-hommes-dans-bakhmut/
https://lesobscurs.com/2023/06/27/le-pen-poutine-anthologie-dune-compromission/

(Soutien à l’Ukraine; Paris 24 février 2024)

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